Depuis le 1er octobre 2021, l’Hôpital Privé de la Baie, à Avranches (Manche) est l’un des 45 sites retenus en France pour expérimenter un nouveau suivi des patients. Il cible les patients atteints du cancer et soignés par thérapie orale.
Un projet d’innovation dans le cadre de l’article 51
Cette innovation organisationnelle s’inscrit dans le cadre de l’Article 51 de la Loi de financement de la sécurité sociale. Cet article permet « d’expérimenter de nouvelles organisations en santé reposant sur des modes de financement inédits. Dès lors que ces nouvelles organisations contribuent à améliorer le parcours des patients, l’efficience du système de santé, l’accès aux soins ou encore la pertinence de la prescription des produits de santé. Ce dispositif permet de déroger à des règles de financement de droit commun pour permettre une généralisation de techniques profitables à tous à l’avenir. Les projets sélectionnés sont alors financés par le Fonds pour l’innovation du système de santé (FISS). Ils sont ensuite mis en application au niveau national ou régional
Une expérimentation à Avranches
L’expérimentation conduite à l’Hôpital Privé de la Baie « fait tomber la séparation invisible entre le milieu hospitalier et la médecine de ville« . Ceci afin de créer une autoroute de communication avec le patient », détaille Véronique VERHULST, pharmacienne à l’hôpital. « Il s’agit de ne pas laisser le patient seul lorsque son traitement oral ne nécessite pas une présence régulière à l’hôpital. Ce nouveau fonctionnement nous permet de mettre en confiance et de sécuriser les patients », poursuit la Docteure Laura MOISE, oncologue médicale.
Dès le début du traitement, l’équipe hospitalière se rapproche du médecin traitant, du pharmacien de ville et des aidants. Comme l’explique Clarisse CADIEU « cela leur permet d’avoir les bonnes informations et de savoir qui appeler en cas de besoin ».
Les patients sont équipés de deux outils numériques qui ont été développés par le Groupe Vivalto Santé. Le premier est un jeu interactif nommé « Chimio orale », qui éduque le patient à sa thérapie. Cela permet de contrer la désinformation qui sévit sur certains sites ou sur les réseaux sociaux. Le second s’intitule VIVALTOLIFE. Il s’agit d’une plateforme digitale sur laquelle les professionnels de santé choisis par le patient, sont invités à se connecter. Ils peuvent alors échanger des informations médicales sur le patient mais aussi sur les pratiques de suivi entre professionnels.
Un suivi continu des patients atteints du cancer
En toute confidentialité, le patient peut poster sur VIVALTOLIFE des photos et des messages qui alertent les soignants, ce qui « améliore la rapidité de notre suivi, mais aussi la prise en charge des effets secondaires« , selon la Docteure Laura Moise. En parallèle, l’équipe hospitalière continue d’appeler les patients régulièrement et de vérifier que leur mode de vie correspond bien à la prise des médicaments, tout en identifiant les effets indésirables. Le médecin traitant et le pharmacien de ville prennent aussi le temps de faire un suivi.
« Plus le traitement avance et mieux il se passe, plus on peut relâcher notre surveillance et laisser le patient autonome. Une fois qu’il a appris à gérer son traitement », explique Véronique VERHULST. Les professionnels de ville prennent alors le relais et bénéficient à ce titre d’une enveloppe financière.
Des bénéfices sur le long terme pour les patients
Par ce parcours, le patient se sent accompagné à chaque étape par les professionnels ville et hôpital. Ces derniers travaillent en bonne coordination autour du patient sans le solliciter comme intermédiaire.
A terme, cette expérimentation permettra au niveau national de valider l’amélioration et sécurisation du suivi du patient en thérapies orales. Cela favorise également l’amélioration de la coordination des professionnels de santé désignés par lui pour l’accompagner. Cela validera également une rémunération graduée dans le temps de chaque professionnel de santé en fonction de l’autonomie du patient. C’est enfin la reconnaissance pour les établissements de soin des missions des infirmières de coordination et éducation thérapeutique. Elles sont essentielles dans ce type de traitements en cancérologie.